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Virant vers l'effroi
: Wrightson parle de City of others

City of others a rejoint la ligne Dark Horse à l'été 2007.

Cityoo #1
© Dark Horse/B. Wrightson/S. Niles


Interview par par Alex Dueben du 21 Juin 2007, tirée du site de Twomorrows.com : http://www.twomorrows.com

Traduction Franck Guigue 29/10/07

Depuis des années, Bernie Wrightson est un artiste dont le nom a souvent été associé au genre horreur. Depuis ses travaux d'anthologies chez DC comics avec "House of secrets" et "House of mystery", jusqu'à "Swamp thing" qu'il a co-realisé avec Len Wein, jusqu'à son travail avec Stephen King.

Wrightson est revenu au comics avec éclat cette année, co-écrivant et illustrant la série en cours "City of others", publiée par Dark Horse comics. Comic Book ressource a discuté avec Steve Niles l'année derière et au moment pile de la sortie du troisième fasicule nous nous asseyons avec Mr Wrighston pour discuter des origines de ce livre, son processus et ce qui l'effraie. A suivre ci-après :



 A  : D'où est venue l'idée de ce City of others ?

 B : C'est venu tout simplement d'une soirée nachos et bières avec Steve Niles en échangeant des idées. Depuis que nous nous sommes rencontrés, c'est ce qui se passe. On s'attable avec quelques bières et quelque chose à manger, et chacun de nous apporte des idées.

Est-ce que ça a commencé avec Blud ? (Blud est le héros de l'histoire ndt)

Ca a essentiellement commencé avec Blud. C'étai une idée que j'avais en tête depuis des années. Je n'avais jamais vraiment rien fait de concret avec ce personnage.  J'ai dit à Steve : "j'ai cette idée d'un personnage qui vit dans cette étrange ville qui semble exclusivement peuplée de monstres. Mais personne ne s'en apperçoit. Tout est secret et underground. Le gars est un tueur froid et impitoyable, un professionnel qui ne possèe pas d'émotions, ni de remords. Il tombe sur ces monstres et trouve quelque chose de très noble et de presque humains en eux.

Je l'ai présenté à  Steve en lui demandant s'il pouvait tirer quelque chose de ça, et il s'y est mis immédiatement, en travaillant sur l'idée. Trois ou quatre bières après, on avait les quatre ou cinq parties pratiquement terminées.

L'apparence du bouquin est très particulière. Tu l'as dessiné au crayon et les pages sont colorées directement sur le dessin. A quel moment ces choix ont-ils été fait ? et pourquoi ?

Ca a été surtout fait pour des raisons stylistiques. Ces dernières années j'ai effectué un paquet de travaux de dessin et j'ai redécouverrt le plaisir de dessiner sans pensées de production. Sans penser à de l'encrage ou de la peinture etc, juste le dessin comme medium à part entière.

Ca aussi été une question de temps. Je me suis juste dit : Si je me remet aux comics à nouveau, j'ai intérêt à être rapide, et je n'ai pas vraiment le temps d'encrer. L'encrage est vraiment la plus fastidieuse partie du travail.

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© Dark Horse/B. Wrightson/S. Niles


Que penses-tu que cela ajoute stylistiquement ?
...qui aurait manqué sinon ?, ...c'est peut-être plutôt comme cela que je dois te le demander.

Je pense que cela donne une qualité de peinture lorsque c'est coloré. On a un coloriste absolument terrifiant là dessus, Jose Villarrubia, qui a  créé un superbe boulot. J'adore vraiment le rendu.

Cela fait un moment depuis ton dernier projet comics. Y a t'il eu des raisons particulières de ce hiatus ?

Pas vraiment. Je me posais juste quelques questions, essayant pas mal de choses différentes. J'ai fait un peu d'illustrations pour des livres et du movie design ainsi que des choses un peu plus commerciales et ca l'a fait comme ça.

J'imagine que tu abordes une page comics différemment d'une illustration. Est-ce que ca a été une transition difficile pour y revenir ?

Je ne dirais pas que ca a été une transition difficile. J'étais très rouillé après tout ce temps à l'écart. Et ca a vraiment pris les deux premiers numéros pour que je me sente vraiment de retour pour travailler rapidement et retrouver l'aspect particulier du découpage des comics.

Tu n'as pas tant fait de scénarios que ça, et pourtant tu co-écris "City of others" avec Niles et je me demande comment cette expérience a été possible et si ça a rendu le retour au language comics aussi facile ?

En premier lieu, écrire dans la bande dessinée ne signifie pas nécessairement écrire avec des mots. Parceque la plus grande partie de ce que réalisent les artistes consiste à découper l'histoire en images. Il y  a des moments où il y  a des choses spécifiques dans les dialogues dont je souhaite m'occuper, et Steve n'y trouve rien à redire. On travaille très bien ensemble avec un bon échange.

Il est très bien comme collaborateur scénariste avec moi aussi je ne me sens pas restreint par le scénario. Il me semble qu'il y a beaucoup de flexibilité. En fait c'est une histoire de 26 page, mais il ne me donne que 22 pages de script et je peux jouer avec ça. Je peux changer une partie en double page ou je peux changer quelque chose prévu en deux pages et le transformer en trois, ou tout ce qui convient le mieux à la séquence.

Est-ce que tu penses que c'est l'une des forces de Niles en tant qu'écrivain qu'il puisse écrire un  numéro entier où il te laisse maneuvrer, mais qu'il y  a aussi une place où tu as cette liberté ?

C'est bien pour moi. Je ne penses pas qu'il le fasse avec tout le monde. En fait, je sais qu'il ne le fait pas avec tout le monde, parceque tout le monde n'aime pas travailler ainsi. Beaucoup d'artistes veulent que tout apparaissent dans le script. Ils suivent le script comme une ligne blanche. Je l'ai fait et je suis plutôt ok avec ça, mais c'est très différent pour moi.

Comment as tu atteri chez Dark horse ? Est-ce que c'étaient les relations de Niles avec les gens d'içi ?

Les premières personnes que l'on a approchées étaient de DC. J'ai d'abord été chez DC et ai pensé à eux en premier. Je suis un bon ami de Bob Schreck. On a proposé le projet à DC et ils l'ont laissé passer. On a pensé que ca n'était pas la peine avec Marvel, ce n'est pas le genre de choses qu'ils font. Donc le choix logique était Dark horse.

Quelle a été ton expérience de travail avec Shawna Gore et les gens d'içi ?

Ca a été bien. Shawna est l'un des meilleurs éditeurs avec qui j'ai bossé.

Tu as mentionné être allé chez DC et beaucoup d'entre nous sont familiers de ton travail chez eux come le "Swamp thing" et "House of secrets", et d'autres projets avec Len Wein et Joe Orlando etc..., beaucoup de choses très excitantes. Puis-je te demander honteusement un petit récapitulatif de tout cela ?

Mec, c'est vieux tout ça, c'est dur de se rappeler.
Lorsque l'on a fait Swamp thing, on allait juste dans le bureau de Joe Orlando, Len et moi, on fermait la porte et on bossait toute la journée sur le numréo suivant.
Len était au four et au moulin, nous parlant de l'histoire page après page. J'étais sur un lit avec un oreiller et un crayon et je dessinais des croquis au fur et à mesure qu'il parlait. Je faisais donc de la sténographie picturale tandis que Len dictait le scénario; et Joe était là à observer l'ensemble; lançant des idées ou posant des questions, clarifiant certains points. Et à la fin de la journée on avait un numéro de prêt.

Wow !

Oui. Alors je ramenais les croquis à la maison et je commencais à dessnier mes pages. On faisait ça dans le style "Marvel" où je dessinais les pages puis les renvoyais à Len, et il écrivait les dialogues sur les crayonnés.

Etait-ce si pratique ? Pas cette collaboration sympa, mais travailler dans le style "Marvel" ?

Pas vraiment, non. C'est comme ça que l'on a fait Swamp thing. Len était à l'aise avec cette manière et moi aussi, mais c'était fait à l'époque avec un scénario complet.

Est-ce que tu regardes un peu en arrière ? ton ancien travail ?

Pas vraiment. Non. Ca représente un gros boulot. Mais c'est du passé. Il faut regarder devant soit.

Qu'est-ce qui t'attire vers le genre horreur ?

Qui sait. Je n'en ai pas vaiment l'idée. Je ne sais pas. surement que c'est quelque chose qui remonte à quand j'étais gamin. De lire des histoires de Poe ? Un paquet de choses que tu fais plus tard est lié à ce qui t'es arrivé lorsque tu avais 9 ou dix ans.

Tu es associé au genre horreur, mais te sens tu toi-même un artiste de l'horreur ?

Tu sais, c'est ce que je préfère.

Tu as travaillé avec quelques uns des meilleurs écrivains dans le genre et quelques uns des meilleurs scénaristes de comics : Len Wein, Jim Starlin, Stephen King, que représente le travail avec Niles, comparé aux autres ?


Il est le meilleur d'entre tous.


Qu'est-ce qui t' effraie ?

Qu'est-ce qui m'effraie ? Tout m'effraie (rires).

C'est vraiment la réponse d'un américan à l'aube du 21eme siècle.

Oui. Je veux dire qu'il y  a tout cela, toute la réalité. Je suis effrayé par notre pésident. Je suis effrayé de la direction dans laquelle semble aller notre pays. Tout ce business social et politique vraiment réel. Mais je suis aussi effrayé par l'obscurité. Je suis effrayé par les inconnus se tenant dans l'ombre des ruelles. Les tireurs mobiles. Tout ces trucs.

De vivre à Los Angeles ne doit certainement pas arranger ces peurs.

Non.

Où en êtes-vous par rapport au travail de la série ?

Je travaille sur l'épisode quatre et d'après ce que je comprends, après celui-ci, il y aura un break de quelques mois et alors ensuite on reprendra la série.

Avez-vous une fin de planifiée, ou un nombre de numéros de prévus ?

Non, pas vraiment.

Vous laissez donc la fin plutôt ouverte ?

Oui, on va juste continuer et voire ce qui va se passer. On va résoudre quelques  histoires et stopper des pistes, et en même temps, on va en introduire de nouvelles.

Fantastique.
Merci Bernie.


Cityoo #4
City of others #4 (© Dark horse/Wrightson/Niles)

La chronique de City of Others #1 - 4  est à lire sur Bernie's blog.





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